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GEORGIE-ABKHAZIE-SOTCHI: POLITIQUE, ECONOMIE ET JEUX OLYMPIQUES

Aurait-on vraiment pu s’imaginer que la politique au Caucase et le mouvement olympique mondial soient à tel point interdépendants au moins pour les sept ans à venir ? Il était non moins difficile de s’imaginer que de 12 à 14 milliards de dollars soient investis dans le développement de Sotchi, station balnéaire caucasienne relativement petite d’après les critères mondiaux voire russes. Cela signifie, de l’avis de certains experts, que de 25 à 40 milliards de roubles soit le budget annuel d’une région russe de près de deux millions d’habitants seront placés dans l’infrastructure de Sotchi. De tels investissements peuvent modifier foncièrement l’image de la station balnéaire au bord de la mer Noire et réorienter le vecteur de la politique russe à l’égard de la Géorgie et de l’Abkhazie attenant à la capitale olympique.

Sotchi a toujours été à l’avant-poste du règlement des problèmes de la république non reconnue d’Abkhazie mais maintenant tout événement politique lié aux problèmes abkhazes sera interprété à une échelle plus vaste et en rapport direct avec les Jeux olympiques 2014. Fait paradoxal : l’avenir des Jeux olympiques à Sotchi dépend pour une large part de la stabilité politique dans les relations entre la Géorgie et l’Abkhazie. La Russie devra réfléchir comment régler tout un éventail de problèmes économiques et financiers ainsi que le conflit de longue date entre la Géorgie et l’Abkhazie.

Les récents événements en Géorgie démontrent qu’en prévision des Jeux olympiques à Sotchi les relations avec ce pays deviennent pour la Fédération de Russie à peu près les plus importantes dans le système des rapports internationaux. On se demande si l’administration russe en prendra conscience et saura évaluer une telle situation à sa juste valeur. Parviendra-t-elle à saisir l’occasion avant qu’il ne soit trop tard d’influer sur les événements dans ce domaine des rapports interétatiques par des méthodes diplomatiques. Selon plusieurs experts, il faut prendre en considération ces composantes politiques essentielles lors des préparatifs de la Russie aux Jeux olympiques à Sotchi. Il est impossible d’admettre les affrontements armés à proximité immédiate de Sotchi en prévision des Jeux olympiques entre les formations armées abkhazes et géorgiennes car cela ferait inévitablement échouer les Jeux olympiques d’hiver 2014.

Comment sont les scénarios d’évolution des événements politiques qu’on pourrait présager prochainement dans le vecteur du développement des relations russo-géorgiennes ?

La première variante est peut être fondée sur l’état actuel des rapports bilatéraux : la confrontation politique et l’indisposition des parties de comprendre les intérêts et les problèmes d’autrui. Si les relations politiques évoluent de cette manière, les perspectives des Jeux olympiques à Sotchi sont peu enviables. Certains politiciens géorgiens, notamment l’ex-président de Géorgie Edouard Chevardnadzé, ont déclaré à la veille des affrontements du 7 novembre à Tbilissi que si les problèmes essentiels du conflit avec l’Abkhazie n’étaient pas réglés, la Géorgie pourrait faire tout son possible pour boycotter les Jeux olympiques à Sotchi. On ne saurait pas exclure que plusieurs alliés géorgiens, en particulier au sein de l’ONU et de l’OSCE, puissent soutenir le boycottage des Jeux olympiques. C’est le pire scénario et la Russie devrait envisager dès aujourd’hui les mesures adéquates à appliquer si les événements évoluent de cette manière.

Certes, il faut comprendre dans ce cas les origines d’un comportement aussi dur des politiciens géorgiens, à savoir : en quoi consistent les divergences entre la Russie, la Géorgie et l’Abkhazie lors du règlement du conflit, ce qui est le plus important dans les exigences de la partie géorgienne, lesquelles d’entre elles peuvent être satisfaites, quel est le contenu des accusations qu’elle adresse à la Russie assurant la médiation dans le règlement du conflit et quelles concessions pourrait faire l’Abkhazie dans le meilleur des cas.

La deuxième version d’évolution des événements s’appuie sur l’hypothèse qu’un politicien plus loyal à la Russie que l’actuel leader M. Saakachvili puisse accéder au pouvoir à l’issue des présidentielles anticipées en Géorgie en janvier 2008. Il est possible que les parties reprennent dans ce cas le dialogue sur le règlement du conflit entre l’Abkhazie et la Géorgie avec la médiation de la Russie.

Or, même dans ce cas le problème du rapatriement des réfugiés géorgiens dans les régions attenant à Sotchi demeure en suspens. L’administration abkhaze, est-elle disposée aux concessions sur ce point ? Le ministère russe des AE devrait rechercher une réponse à cette question car il s’agit des dizaines de milliers d’anciens habitants de Gagry et d’autres localités abkhazes voisines de Sotchi. Après les événements de 1992 ces stations balnéaires ne se développent pratiquement pas parce que les Géorgiens ethniques les ont abandonnées.

Si le gouvernement abkhaze donne son consentement et les garanties de sécurité pour les réfugiés géorgiens rapatriés – et ce serait une variante optimale pour la Russie – on pourrait réfléchir à employer ces réfugiés aux travaux aux installations olympiques à Sotchi. Cela offrirait des possibilités plus vastes de moderniser l’infrastructure des stations balnéaires abkhazes auparavant célèbres mais vouées à l’abandon depuis le début des années 1990. On pourrait le faire en prévision des Jeux olympiques et après leur achèvement.

Au plan socio-économique l’administration géorgienne et d’autant plus abkhaze devraient profiter de ces chances uniques dans la région. Cependant, une question s’impose : si ces conditions favorables au règlement des problèmes socio-économiques abkhazes contribueront à rompre le cercle vicieux d’incompréhension des parties au conflit ? Il faudrait remettre avant tout en marche les transports ferroviaires sur la rivière Ingouri. Il existe des moyens nécessaires et la partie russe s’y montre disposée. La position de la partie géorgienne liée à la procédure de financement de ces installations inévitablement par le biais des banques géorgiennes torpille ce processus.

La partie abkhaze ne parvient pas à accepter la participation des réfugiés géorgiens à la légalisation du pouvoir, problème politique directement lié au rapatriement des réfugiés. Il est question de leur participation sur un pied d’égalité avec tous les habitants d’Abkhazie aux élections des organes du pouvoir.

C’est ainsi que s’entremêlent la politique et l’économie dans la région. Il serait rationnel au plan économique de mettre à profit en Géorgie et en Abkhazie les ressources des Jeux olympiques à Sotchi mais aucune partie n’accepte les concessions. La partie russe assumant la mission de médiation dans ce conflit poursuit parfois une politique à géométrie variable en fonction de la situation politique. Prévenir une nouvelle vague de confrontation entre la Géorgie et l’Abkhazie, c’est là l’essentiel pour la Russie. D’après les critères des institutions internationales, les garanties de l’évolution pacifique des événements dans la région du conflit, le rapatriement inconditionnel des réfugiés géorgiens en Abkhazie et les garanties de leur adaptation pacifique aux nouvelles conditions de vie constituent la condition sine qua non de la présence des forces de paix russes sur le territoire d’Abkhazie. Le rapatriement des réfugiés géorgiens en Abkhazie est le problème principal en suspens depuis ces quinze dernières années. Cette question politique peut déstabiliser à tout moment la situation dans la région du conflit entre la Géorgie et l’Abkhazie ce qui mettrait irréversiblement en cause les Jeux olympiques 2014.

Certains politologues envisagent un autre scénario éventuel d’évolution des événements à l’étape des préparatifs aux Jeux olympiques à Sotchi. L’autonomie abkhaze a débouché ces quinze dernières années sur l’indépendance étatique et de ce fait, la partie russe ne devrait pas décliner les initiatives de l’administration abkhaze concernant l’intégration des territoires abkhazes attenant à Sotchi aux préparatifs aux Jeux olympiques et l’aménagement de leur infrastructure. Il faut accorder dès aujourd’hui les moyens pour assurer l’infrastructure des localités abkhazes en tant qu’installation de réserve pour les Jeux olympiques à Sotchi. Cependant, plusieurs responsables de l’administration géorgienne mettent en doute la légalité des travaux de construction des installations olympiques et para-olympiques sur le territoire d’Abkhazie sans autorisation de la partie géorgienne. Certaines structures de la Corporation olympique soutenues, semble-t-il, par les groupes politiques russes insistent toujours sur ces perspectives attrayantes de coopération avec le gouvernement abkhaze.

Plusieurs conclusions s’imposent. Premièrement, la Russie devra accepter dans les sept ans à venir les compromis sérieux avec la République de Géorgie sur plusieurs problèmes politiques et économiques que les parties n’avaient pas réglés depuis longtemps au niveau interétatique. Cela est nécessaire pour garantir la stabilité politique sur les territoires des conflits postsoviétiques attenant à la frontière russo-géorgienne, d’autant plus que le statut de la frontière d’Etat n’est pas déterminé et ne le sera, le plus probablement, avant 2014.

Deuxièmement, il faut faire tout son possible pour prévenir une démarche de multiples réfugiés géorgiens à la veille ou pendant les Jeux olympiques. Pour réaliser cette tâche compliquée il faudra, d’une part, intensifier la médiation et les entretiens diplomatiques avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud et de l’autre, rétablir les relations diplomatiques normales avec la République de Géorgie. Certes, la tâche du Kremlin n’est pas simple vu le contenu destructeur des décisions adoptées ces dernières années par l’administration russe à l’égard de la Géorgie. Après l’accession du président M. Saakachvili au pouvoir les rapports compliqués entre la Géorgie et la Russie sont dûs tant aux conflits non réglés avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud qu’à la politique de l’administration géorgienne ayant mis résolument le cap sur le rapprochement des Etats-Unis et de l’UE. Les déclarations de l’administration de M. Saakachvili sur l’aspiration de la Géorgie à adhérer à l’OTAN ont aggravé tout particulièrement les relations bilatérales. Ces actes de Tbilissi sont directement liés à la dénommée « révolution des roses » imposée, comme on prétend, au moyen de technologies politiques spécialement conçues aux Etats-Unis. Certes, les déclarations dures des leaders géorgiens aux forums et aux conférences internationaux dirigées contre la Russie ont attisé pour une large part la confrontation politique russo-géorgienne.

Dans le même temps, les événements de novembre 2007 à Tbilissi et les prochaines présidentielles anticipées pourront modifier substantiellement le rapport des forces politiques en Géorgie.

Ceci étant, il convient de noter que les récents événements en Géorgie, en Ukraine et dans certains autres Etats dans l’espace postsoviétique confirment que les régimes politiques postcommunistes parviennent à développer leurs institutions démocratiques dans le cadre de l’un des modèles en gestation.

Le premier modèle reprend pour une large part et est orienté essentiellement vers le système semi-autoritaire russe du pouvoir avec des composantes de démocratie gouvernable aspirant à réduire autant que possible la rivalité dans l’espace politique et les conditions pour remplacer le pouvoir. En plus de la Fédération de Russie, les régimes politiques beaucoup plus durs du Kazakhstan, d’Ouzbékistan, d’Azerbaïdjan, de Biélorussie et même d’Arménie évolueront pendant plusieurs années suivant ce modèle. Les leaders politiques plutôt que les institutions, avant tout les présidents des républiques, joueront le rôle principal dans le processus politique.

Le deuxième modèle de développement des régimes politiques sera orienté vers le remplacement régulier, parfois anticipé, de l’élite au pouvoir en tant que mécanisme important de développement socio-politique. La Géorgie, l’Ukraine, la Moldavie et, probablement, la Kirghizie avanceront dans cette voie. Ceci étant, d’après nos pronostics, la stabilité de ces régimes n’est possible qu’à condition de la révision des systèmes électoraux dans ces pays tous les deux ans et non pas tous les quatre ans. Les récents événements politiques et le scrutin anticipé, comme en Ukraine et en Géorgie, le confirment. Les Etats postsoviétiques aux régimes tout différents d’après leurs objectifs finals entreront objectivement en une sorte de conflit lors du règlement de plusieurs problèmes d’importance vitale dans l’espace postsoviétique. Sera-t-il toujours possible de surmonter ces contradictions par des méthodes pacifiques ? Il est difficile pour le moment de répondre à cette question.

Certes, il est possible que la politique extérieure de la Russie à l’égard des pays étrangers proches soit modifiée après les présidentielles en mars 2008. Une question s’impose : dans quelle mesure ces changements seront radicaux et assureront-ils suffisamment de ressources pour réviser dans un sens positif le vecteur du développement des relations russo-géorgiennes.

En 2008-2011 le nouveau Président de Russie aura une chance de reprendre le dialogue au sommet et au niveau des gouvernements et des Commissions gouvernementales sur tout un éventail de rapports russo-géorgiens. Cela concerne les problèmes politiques complexes relatifs au statut d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud ainsi que les liens économiques diversifiés et mutuellement avantageux. Seul un tel consensus raisonnable dans le règlement des problèmes compliqués liés aux relations entre l’Abkhazie, la Géorgie et la Russie est à même d’assurer une situation politique stable pour organiser avec succès les Jeux olympiques d’hiver 2014.

Ce volet analytique est préparé par N.P. Medvedev, docteur en politique

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